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Photo du rédacteurSaraswati Korbanka

Rani de Jhansi, la Reine Rebelle

L'histoire vraie d'une jeune femme courageuse qui croyait que la liberté était son droit de naissance.


Aujourd'hui, le 19 novembre 2021, nous célébrons l'anniversaire de Rani Laxmibai de Jhansi. Icône de bravoure et de courage, elle est devenue l'une des figures de proue de la première Guerre d'Indépendance de l'Inde en 1857. Cette guerre a déclenché le Mouvement d'Indépendence de l'Inde, qui a duré 90 ans et finalement mis un terme à la domination britannique en Inde en 1947.

Cette histoire se passe au milieu du XIXe siècle, lorsque ce qui est devenu la nation moderne de l'Inde était une constellation de centaines d'états princiers, dont beaucoup étaient sous domination britannique.


Le 19 novembre 1828 à Varanasi, une ville du nord-est de l'Inde sur les rives du Gange, est née Manikarnika, appelée "Manu" par sa famille. Elle est née dans une famille brahmane de haute caste, et a grandi dans la maison du souverain local.


Elle reçut une éducation inhabituelle pour une fille de la société patriarcale indienne : alors que la plupart des filles étaient éduquées à s'occuper des responsabilités domestiques et à être de bonnes épouses, Manu a grandi avec les garçons à la cour, où elle apprit à lire et à écrire, s'entraîna aux arts martiaux et au combat à l'épée, et devint une cavalière accomplie.


À l'âge de 14 ans, Manu est mariée au Maharaja Gangadhar Rao, qui avait 45 ans, prince de Jhansi, un petit état du nord de l'Inde. Selon la coutume locale qui voulait que les femmes reçoivent un nouveau nom lors de leur mariage, elle prend le nom de Rani (reine) Laxmibai, en honneur de la déesse hindoue de la Prospérité, Lakshmi.


Lorsqu'elle a 23 ans, elle donne naissance à un petit garçon, qui décède malheureusement quatre mois plus tard. Peu de temps après, son mari le Maharaja tombe gravement malade. Sentant sa fin approcher et soucieux qu'un héritier lui succède sur le trône de Jhansi, il adopte un fils : son cousin de 5 ans, Damodar.


Gangadhar Rao meurt le lendemain, laissant Rani Laxmibai diriger le royaume en tant que régente du jeune Damodar.


La colonisation britannique bat son plein de l'Inde, et le gouverneur général britannique de l'Inde a annexé de nombreux états indiens. Il voit maintenant une opportunité de saisir Jhansi en profitant de la mort du Maharaja. Il envoie une dépêche à Rani Laxmibai, rejetant les prétentions de son fils Damodar comme héritier de droit parce qu'il n'est pas le fils biologique du souverain précédent.


Jhansi est saisie par les Britanniques. Laxmibai reçoit une pension et on lui ordonne de quitter le fort. Furieuse, elle refuse et s'exclame : "Meri Jhansi nahin dungee!" — "Je n'abandonnerai pas mon Jhansi!" — une phrase en hindi qui est encore gravée dans la mémoire de l'Inde, attisant des sentiments de fierté et de patriotisme.


Pendant ce temps, la rébellion se prépare au-delà des frontières de Jhansi. Les Indiens se sentent écrasés sous le régime des Britanniques, qui imposent leurs pratiques sociales et chrétiennes, et bannissent les coutumes indiennes. Par exemple, toutes les recrues indiennes sont tenues d'aller à l'étranger (par la mer) sur ordre, un acte qui ferait perdre à un hindou sa caste, ce qui résultait en une excommunication sociale. La violence commence à se répandre dans le nord et le centre de l'Inde.


Printemps 1857 : la première Guerre d'Indépendance Indienne commence. La rébellion contre les Britanniques se répand de ville en ville et atteint Jhansi, où des soldats indiens se révoltent et massacrent plusieurs officiers britanniques, ainsi que leurs femmes et leurs enfants.


Rejoignant le soulèvement contre les Britanniques, Laxmibai, qui a 29 ans, prend en charge les rebelles de la région et rassemble une armée, mobilisant non seulement les hommes mais aussi des femmes. Les insurgés des zones voisines se dirigent vers Jhansi pour lui offrir leur soutien.


Pendant les six prochains mois, tandis que les Britanniques sont occupés à combattre les rebelles ailleurs, Jhansi est laissée en paix sous le règne de la Rani.


Laxmibai est une reine non conventionnelle, portant le turban — un accessoire plutôt masculin — et entraînant les femmes à monter à cheval et à se battre. Elle est également compatissante, s'occupant des pauvres quelle que soit leur caste. Elle était une excellente administratrice et les habitants de Jhansi aimaient leur reine fougueuse.


Mais les Britanniques pensent qu'elle était responsable de la mutinerie et du massacre — ils l'accusent d'avoir comploté avec les rebelles pour se venger de leur refus de reconnaître son fils comme héritier au trône.


1858 : neuf mois après la mutinerie de Jhansi qui avait coûté la vie à des dizaines de Britanniques, les troupes britanniques assiègent Jhansi. Le commandant des forces britanniques exige la reddition de la ville — en cas de refus, la ville sera détruite et la Rani de Jhansi sera exécutée.


Après délibération, Laxmibai publie une proclamation : "Nous nous battons pour l'indépendance. Selon les mots du Seigneur Krishna, si nous sommes victorieux, nous profiterons des fruits de la victoire, si nous sommes vaincus et tués sur le champ de bataille, nous gagnerons sûrement la gloire éternelle et le salut."


Les Britanniques attaquent. La Rani de Jhansi part en guerre avec tout ce qu'elle possède. Elle mène sur le front de bataille, en uniforme de combat, épée et bouclier à la main. Pendant que les soldats tirent leurs fusils, les femmes soignent les blessés et se précipitent pour réparer les murs d'enceinte touchés par les boulets de canon ennemis. Lorsque les munitions sont épuisées, ils lancent des pierres et des rondins sur l'ennemi en contrebas.


Finalement, les Britanniques placent leurs canons devant l'un des temples de Jhansi, de sorte que les défenseurs ne peuvent pas riposter sans détruire leurs lieux de culte. Quelques jours plus tard, les Britanniques franchissent les murs et prennent d'assaut la forteresse. Les femmes prennent les armes aux côtés de leurs hommes, luttant pour leur survie.


"Des combats de rue avaient lieu dans tous les quartiers," écrit le chirurgien de campagne de l'armée britannique dans ses mémoires, des années plus tard. "Des tas de morts gisaient tout le long des remparts et dans les rues. Ceux qui ne pouvaient pas se sauver précipitaient leurs femmes et leurs bébés dans des puits, puis s'y jetaient eux-mêmes."


Sa ville en flammes, Rani Laxmibai attache son fils de 10 ans sur son dos. S'élançant, elle saute du haut de la muraille du fort sur son cheval, et s'échappe dans la nuit. Son amie la plus proche se déguise en la reine pour distraire les Britanniques, lui permettant de gagner du temps pour passer au travers des lignes ennemies.


Les Britanniques ravagèrent Jhansi pendant les trois prochains jours, la transformant en cimetière. On estime que 5 000 personnes sont mortes — la majorité de la population — et aucun quartier ne fut donné, pas même aux femmes et aux enfants.


N'ayant plus d'autres options, la Rani de Jhansi décide de rejoindre les forces rebelles et commence à entraîner une armée dans l'état voisin de Gwalior.


Un mois plus tard, les troupes britanniques, sur ses talons, attaquent Gwalior. C'est un matin d'été brûlant. Rani Laxmibai, la Reine de Jhansi, habillée en soldat de cavalerie, mène résolument ce qui reste de son contingent au combat. Même ses servantes, vêtues d'uniformes masculins, se joignent au champ de bataille.


Épée en main, elle se bat avec acharnement mais est abattue de son cheval. Alors qu'elle gît en sang au bord de la route, elle reconnaît le soldat qui l'a blessée et lui tire dessus avec un pistolet, sur quoi il "abat la jeune femme d'un coup de carabine." Elle avait 30 ans.


"La Mutinerie Indienne n'a produit qu'un seul homme," aurait déclaré le chef des troupes britanniques à la fin des combats, "et cet homme était une femme. La Rani était remarquable pour sa bravoure, son intelligence et sa persévérance; sa générosité envers ses subordonnés était sans limite. Ces qualités, combinées à son rang, en faisaient la plus dangereuse de tous les chefs rebelles. Même si c'était une dame," a-t-il écrit, "elle était le meilleur et le plus courageux des chef militaires des rebelles."


Aujourd'hui, Rani Laxmibai de Jhansi a été immortalisée en Inde. Des rues, des collèges et des universités portent son nom. Des statues d'elle à cheval, avec son fils attaché dans son dos, ont été érigées dans de nombreuses villes. Et, près d'un siècle après sa mort, l'Armée Nationale Indienne a formé une unité entièrement féminine qui a aidé le pays dans sa bataille pour l'indépendance dans les années 1940.


Il s'appelait le régiment Rani de Jhansi.


— Rani de Jhansi, la Reine Rebelle —

conté par Saraswati


Spectacle WELCOME TO INDIA célébrant les 75 ans de l'Indépendance de l'Inde, capté le 13 novembre 2021 à l'Espace Lumin&Sens — sous le haut patronage de l’ambassade de l’Inde en France, présenté par l'association Saptak India et Welcome to Yoga.


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